"Soeur" d'Abel Quentin, lu par Alexandre, 1G2

Publié le 17 Novembre 2019

La descente aux enfers

 

Comment une jeune fille introvertie peut-elle basculer dans la violence de l'Islam radical ?

 

Au travers de son roman, Sœur, Abel Quentin décrit le parcours d'une adolescente vers la radicalisation. Avocat à Paris, il est originaire de Lyon et se passionne depuis toujours pour la littérature. Sœur est son premier roman. Il a choisi de le situer en France à Sucy-en-Loire, au 21ème siècle.

 

C'est l'histoire d'une jeune fille, Jenny Marchand. Elle habite dans une famille de la classe moyenne. Solitaire et introvertie, elle est pleine de ressentiments à l'égard de sa famille et de ses pairs. Son besoin d'appartenance et de reconnaissance va peu à peu l'attirer vers la radicalisation. Sa vulnérabilité la conduit à commettre l'irréversible. Son insatisfaction face au monde actuel la mène à se laisser séduire par son nouvel environnement.

 

Abel Quentin utilise la mécanique du roman policier. C'est un enchaînement de circonstances qui conduit à une tragédie. Les scènes du livre ne sont pas chronologiques ce qui rend le livre plus captivant.

C'est un roman sombre, effrayant, qui reflète une triste réalité.

L'auteur nous plonge dans une critique de la société, des hommes politiques, de l'Education nationale et de la lutte pour le pouvoir entre le président et son ministre de l'Intérieur.

 

Un élément déclencheur met le feu aux poudres et conduit Jenny vers l'islam radical, elle qui rêvait en secret de Harry Potter.

C'est également le récit de parents « normaux », dépassés, qui font preuve de maladresse, mais qui aiment leur fille qu’ils ne reconnaissent plus.

 

Le roman est intéressant, car il est véritablement actuel et réaliste. C'est une adolescente mal dans sa peau, prise au piège des réseaux sociaux et victime de harcèlement scolaire. Jenny n'appartenait à aucun groupe. Elle connaît les joies de la fraternité et de la solidarité grâce à son « amie » Dounia. L’adolescente ne jure plus que par sa nouvelle amie, qui lui brosse un portrait flatteur de l'Islam radical et elle tend à la faire détester ceux qui sont contre Allah.

 

En revanche les intrigues politique de Benevento, prêt à tout pour renverser le président du pays, Saint Maxens, alourdissent, le récit. L'histoire sur le pouvoir en place en France ont gêné ma lecture. De plus, la personnalité de Jenny a eu tendance à m'exaspérer. J'ai du mal à comprendre ses réactions exagérées, notamment quand elle s'énerve contre son père ou contre des passants. Jenny est également très naïve, notamment avec Dounia. Elle croit tout ce qu'elle lui dit sur l'Islam, ce qui la rend trop crédule : j'ai eu dû mal à m'attacher à sa personnalité.

 

Mais ce roman inquiète par sa réalité. En effet, on sait aujourd'hui que de plus en plus de jeunes en rupture avec la société peuvent se radicaliser. Ce roman fait réfléchir et nous permet de nous interroger sur notre part de responsabilité dans la radicalisation des jeunes.

Rédigé par Lettres

Publié dans #Critiques littéraires - Goncourt 2019

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