Des visages inhumains - Théo

Publié le 10 Janvier 2020

Sans nom , 2001, huile sur toile, 240 x 644 cm, 2 panneaux (Détail)

Sans nom , 2001, huile sur toile, 240 x 644 cm, 2 panneaux (Détail)

Vladimir Veličković a toujours eu un goût très prononcé pour la noirceur. Sans nom est une huile sur toile des plus réussies. Elle évoque le calvaire des rescapés de conflits, des mutilés de guerre.On y voit des visages, difformes et méconnaissables. Certains ont le crâne quasiment apparent, d'autres l’œil en sang. Ces visages presque inhumains nous font penser à des créatures assoiffées de sang, telles des goules sorties tout droit d'une des œuvres de Sui Ishida. Ils évoquent l'inhumaine violence de la guerre et la déshumanisation des personnes mutilées dans les conflits, bien qu'innocentes.

 

On ne distingue aucun vêtement sur les corps des 56 protagonistes, seulement des ombres et des éclairages différents. Impossible de savoir si ce sont des soldats ou des civils. On peut essayer d'imaginer le genre de certains, mais rien d'autre, ni la couleur de peau, ni le caractère, ni les expressions : on ne décèle aucune lueur d'humanité dans le fond de leurs yeux qui sont pour la plupart noirs, dissimulés dans l'ombre ou ruisselants de sang.

 

Ce travail est digne de celui d'un maître. La plupart des peintres de guerre comme René-George Gautier ou encore Ivor Henry se contentaient surtout de décrire les champs de bataille, non les victimes oubliées de l'histoire. Veličković l'a fait, attirant la lumière sur ce sujet dans sa noirceur habituelle, à la manière d'un Otto Dix. Un travail engagé qui reflète bien les traumatismes qu’il a pu subir, témoin de conflits armés depuis sa jeunesse. Du grand art digne du tableau Guernica de Picasso ou du Tres de Mayo de Goya !

Rédigé par Lettres

Publié dans #FHEL 2020 - Veličković

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