Pastiches : à la manière de la fin de Candide
Publié le 13 Mai 2020
A peine sortis de deux mois de confinement, les élèves de 2I ont été invités à faire le bilan de leur expérience, à la manière de Voltaire à la fin de Candide. L'exercice était périlleux : l'ironie est un concept difficile à manier. Voici quelques extraits...
Mon frère me disait quelquefois : « Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles : car si un Chinois n’avait pas mangé ce pangolin, si le coronavirus ne s’était pas développé si rapidement, si le gouvernement avait écouté l’OMS, nous n’aurions pas été confinés et je n’aurais pas pu développer ma passion de rester au lit.
J-J, j’atteins le bout du tunnel. Durant 2 mois, gâteaux, bonbons, chocolats, apéros, saumon, pizzas ont défilé dans mon estomac. En plus des 6 kilos que j’ai pris, mon corps a développé le même pelage que celui de mon chien, mes yeux sont devenus carrés comme ma télé. Enfin ma cervelle a tellement coulé que je ne sais plus comment m'habiller.
Toute notre petite société est entrée dans le louable dessein d’exercer ses talents : les artistes, enfermés, tentent de rester productifs, les gens qui sortaient rarement se plaignent de ne plus pouvoir le faire, un peuple, à l’ouest, se prépare à monter au créneau pour reprendre ses plages, et je me retrouve à lire des œuvres que je pensais très probablement ne jamais lire, et à y prendre du plaisir. Dans quel monde étrange et pourtant parfait vivons nous ?
Toute notre petite société est entrée dans ce louable dessein d'exercer ses talents : la lecture, le ménage, le jardinage, les jeux vidéos. Mon père adore me montrer ses livres d'adolescence et m'a convaincu d'en lire un. Ma mère étant auprès de nous, nous l'avons aidée à tout nettoyer du garage au grenier. La maison n'a jamais été aussi propre. N'ayant plus de poussière à aspirer, nous nous sommes mis au jardin, tout est nickel, il n'y a plus de mauvaises herbes. Et pour nous remercier, elle nous a fait de merveilleux gâteaux. Avec mon frère nous n'en faisons qu'une bouchée. Mon ventre s'est remis à gonfler comme un ballon de baudruche. L'isolement devient ennuyant.