La critique d'Aurore

Publié le 4 Avril 2022

Nocturne, 2017, aquatinte, 66 x 50 cm, collection MEL, Compagnie des arts.

Nocturne, 2017, aquatinte, 66 x 50 cm, collection MEL, Compagnie des arts.

Nocturne représente une petite fille peinte légèrement de profil, dans un rouge assez vif. Elle porte un masque de zèbre. L’arrière-plan est de la même couleur que la fille malgré des tons plus foncés. Françoise Pétrovitch a utilisé l’aquatinte, une technique que j'apprécie beaucoup, mais qui est très différente de celles qu’elle utilise habituellement (surtout le lavis d’encre). L'aquatinte est un des procédés de l'eau-forte (technique aussi utilisée par Thomas Godin, artiste à Landerneau) : c’est une gravure dont les différentes tonalités sont obtenues après plusieurs bains d'acide. Cela permet de produire des effets comparables au lavis. L’artiste a couvert la partie du masque pour ne pas mettre d’aquatinte dessus et garder intact le blanc du support. Ce procédé va à l'encontre de ce qu'elle expérimente en tant que dessinatrice, car il y a ici une part de hasard.

Le masque de la petite fille pourrait être son double. Au premier plan, il se remarque par son blanc pur : c'est l'élément clé de cette aquatinte. Ce masque a une signification : la fille peut voir sans être vue, cette figure double ne dévoile que ce qu'elle désire au spectateur. L'arrière-plan est comme flou, estompé : on pense à des sentiments comme effacés ou troubles qui peuvent refléter l’enfance. Ces variations de couleur permettent de matérialiser l’hésitation, la disparition et la mémoire.

Françoise Pétrovitch évoque le sujet de l’enfance dans plusieurs de ses œuvres. Selon elle, « l’espace de la peinture traite les questions qui sont les [siennes] : le double, la cruauté, l’enfance dans ce qu’elle annonce de la vie ». Elle dit « aborder l’enfance sans naïveté ». On comprend par là que la sienne a été probablement compliquée, qu’elle a traversé des moments difficiles. 

J'ai choisi Nocturne car j'aime beaucoup son style, les différents tons, les effets obtenus et ses significations. Cela change des autres œuvres présentées dans l'exposition. Le fond, par exemple, diffère des autres compositions, où il est souvent d’un blanc immaculé. L’originalité de l’artiste vient de la variété de ses techniques. Chacune lui permet d’aborder différemment les aspects philosophiques et psychologiques du dédoublement. Cette œuvre a pour but d'interroger sur les multiples facettes de l'être humain grâce à l'ombre, l'animal ou le masque.

Rédigé par Lettres

Publié dans #FHEL 2022 - Françoise Pétrovitch

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