La critique de Sarah
Publié le 4 Avril 2022
En 2007, Françoise Petrovitch peint la série Féminin / Masculin, actuellement exposée au musée FHEL où j’ai pu la découvrir. Sur un grand mur blanc sont présentés quatre tableaux, des lavis d’encre représentant des enfants.
L'un d'eux a retenu mon attention. Il s'agit d'une jeune fille, pas de celles que l’on peut croiser dans un parc de jeux ; non, une fille avec une arme entre les mains. Elle est représentée sur un fond blanc, sans décor, toute grise, les yeux fermés. Son sourire en coin cache sûrement une timidité et une grande innocence, gâchée par l’horrible objet de couleur rouge qu'elle tient dans ses mains. La technique du lavis demande beaucoup de maîtrise, car diluer de l’encre avec de l’eau donne un résultat généralement très imprévisible. C’est principalement sur la robe de la jeune fille que l’on voit cette technique imprécise jouant sur les transparences.
Je vois ici une petite fille perdue, en détresse. Son fusil est un signe d’appel à l’aide, un dernier espoir pour qu’on l’écoute. L’âge qu’on peut lui donner est imprécis, mais on voit qu’elle est encore dans l’enfance, une période de découvertes. Son visage fermé cache beaucoup de choses.
Devant ce tableau sans éléments de contextualisation, on se pose des questions. Que fait cette jeune fille avec une arme dans les mains ? Quel destin pour elle ? Exprime-t-elle la désillusion que l’on peut avoir en sortant de l’enfance ? Dénonce-t-elle la violence que certains enfants peuvent subir ? Ou le commerce des armes ?
Mais toutes ces imprécisions sont voulues par l’artiste. Elle écrit que « si on dit tout, il n’y a plus rien à penser… » Laisser libre court à l’imagination du public est une bonne chose. Chacun peut s’identifier, s’y retrouver avec une histoire différente et donc aimer l’œuvre à sa manière.