Guillaume
Publié le 2 Décembre 2022
Nice-Le Cap
Lors de la visite de l’exposition consacrée à Ernest Pignon Ernest au FHEL, une œuvre engagée qu’il a affichée dans sa ville natale m’a particulièrement marqué.
Cette œuvre en noir et blanc représente une famille de personnes noires qui regardent le spectateur au travers d’un barbelé. Il s’agit d’un collage urbain en sérigraphie, c’est-à-dire que l’artiste a réalisé un modèle qu’il a reproduit en assez grand nombre. Elle a été affichée en de très nombreux exemplaires dans les rues de la ville de Nice en 1974.
Pour la comprendre, il faut l’inscrire dans son contexte. En 1974, la ville de Nice organise un jumelage avec celle du Cap, en Afrique du Sud. Cependant, l’apartheid est pratiqué dans ce pays : les personnes de couleur y ont moins de droits que les blancs. Ernest Pignon Ernest va jusqu’à qualifier le Cap de " capitale du racisme institutionnalisé ". Plus tard, il qualifie aussi l’échange de " vexation, un outrage fait à ma ville, qui est aussi celle de Garibaldi et de Blanqui " (deux grands hommes niçois qui ont œuvré pour la liberté et l’égalité).
Quand il apprend la venue d’une délégation sud-africaine pour célébrer cette alliance, Ernest Pignon Ernest décide de mener une action coup de poing. Pendant la nuit, il colle des centaines de ces affiches tout le long du parcours des "festivités ". Il décrit ainsi son action : " De la place Masséna au stade où jouaient les Springboks, j’ai figuré le cortège des absents : des centaines d’images d’une famille noire parquée derrière des barbelés observe en toute dignité, avec retenue cette délégation ".
Ainsi, en rappelant les méfaits des invités, il remet en cause les choix de Jaques Médecin, le maire de Nice à cette époque qui avait initié l’échange malgré le racisme des institutions sud-africaines. Cette œuvre est donc très engagée contre l’apartheid et l’inaction des dirigeants