Benoît Duteurtre, L'ordinateur du paradis
Publié le 14 Novembre 2014
L’Enfer, le Paradis ou le purgatoire ?
Qui a dit que le Paradis était paradisiaque ? Salle d'attente, formulaires à remplir et guichets, voilà ce qui attend le premier personnage de L'ordinateur du paradis, de Benoît Duteurtre. Il n'a pas de nom. Mystère ! Le second protagoniste se nomme Simon Laroche, préside la CLP (Commission des Libertés Publiques) et il lui arrive de regarder des images de Natacha, une « poupée russe » sur Internet.
Rien de bien extraordinaire, jusqu'au jour où, lors d'une émission de radio sur la cause des femmes et des gays, Simon prononce une phrase qu'il va vite regretter : « La cause des femmes, la cause des gays, j'en ai marre de ces agités qui s'excitent pour des combats déjà gagnés. » Heureusement pour notre personnage, l’événement est éclipsé par « le grand dérèglement » et par le nouveau club de deux banlieusards, « nous en tant qu'hommes ».
Ce livre est agréable à lire, l'écriture est rythmée et les chapitres sont plutôt courts. Benoît Duteurtre nous propose un récit oscillant entre modernité et croyances. Il met les choses en perspective en plaçant les événements dans un monde irrationnel. Ce paradis nous parle de notre quotidien. Notre société prête foi aux croyances populaires, s'intéresse à ce qui nous attend après la mort. Quant à être envoyé en enfer ou au paradis, la décision de « St Pierre » va faire réfléchir notre personnage.
Le roman pose une autre question importante : comment ne pas être vu ? Comment faire pour que les pages Internet consultées restent secrètes ? La réponse, s'il y en a une, c'est de ne pas utiliser Internet. Connaissez-vous le « Cloud » ? C'est un « nuage » qui renferme tous vos secrets... Ou du moins votre historique Internet. Imaginez un « grand dérèglement », c'est à dire la possibilité que vos sources se retrouvent au grand jour. Quel impact cela aurait-il sur notre société ? Des tas. Tout se fait sur le web de nos jours, cela veut-il dire que nous ne devons plus y aller ? Ce livre a peut-être les réponses...
Il est d'autant plus attachant que l'auteur n'a pas peur d'être direct et que les protagonistes sont plus des antihéros que des modèles.
Gwenn, 1L