Benoît Duteurtre, L'ordinateur du Paradis
Publié le 14 Novembre 2014
Perte de contrôle
Si vos mails arrivaient sur l'ordinateur du voisin, que votre historique se retrouvait dans celui d'un parfait inconnu, que vos discussions par SMS se répandaient dans le monde entier, que feriez-vous ? Imaginez que, même après votre mort, ces informations diffusées, et pas toujours vraies, servent également de critères pour le Jugement dernier. La galère, pas vrai ? C'est ce que Benoît Duteurtre veut nous faire comprendre dans L'ordinateur du Paradis, à travers les yeux de Simon Laroche et de deux adolescents de banlieue.
Les sites pornographiques doivent disparaître et les hommes qui osent s'y aventurer doivent être punis. C'est ce que soutient le mouvement « Nous, en tant que femmes ! », qui n'en peut plus des hommes qui consultent sur Internet, pour leur plaisir, des « images dégradantes pour les femmes ». Cette histoire perturbe la vie bien rangée de Simon Laroche, rapporteur à la Commission des Libertés Publiques, coupable de ces escapades et qui se retrouve au milieu d'un scandale après une blague lancée à une journaliste. En effet, dire qu'on en a « marre de ces agités qui s'excitent pour des causes déjà gagnées » en parlant des femmes et des gays n'est pas très malin, surtout quand on est un homme politique.
De leur côté, deux jeunes garçons de banlieue, Red et Darius, après avoir entendu parler de la polémique déclenchée par « Nous, en tant que femmes ! », décident de créer, pour s'amuser, un mouvement « Nous, en tant qu'homme ! ». Leur blague prend une ampleur inattendue, et les deux adolescents se retrouvent sur le devant de la scène, soutenus par tous les hommes du pays et quelques femmes.
Vision décalée du Paradis, ce récit réaliste est facile à lire. Benoît Duteurtre danse agilement entre les différents points de vue des protagonistes, tout en dénonçant les dangers des nouvelles technologies et la « dépravation » des hommes. Malgré une fin un peu décevante et étrange, L'ordinateur du Paradis nous tient en haleine jusqu'à la fin.
Mathilde, 1L