Couverture Lysianne
Publié le 6 Juin 2010
Pour ma couverture, j'ai tenté de me rapprocher au plus près de la réalité, pour une simple raison : l'histoire de Brodeck s'appuie sur des faits réels.
J'ai choisi le dessin parce qu'il me paraissait mieux adapté pour donner ma propre version de la couverture. Il me semble qu'une photographie aurait été moins personnelle.
La couverture est donc parsemée de symboles et de sous-entendus.
Tout d'abord, le lieu n'est pas choisi au hasard : j'ai essayé de recréer l'ambiance de la "resserre" dans laquelle Brodeck passe ses soirées à écrire. Une resserre est définie comme un endroit où on entrepose les choses encombrantes ou dont on ne se sert pas tout le temps. Je me suis inspirée d'un cabanon de jardinier pour peindre le décor, composé d'une échelle, d'un rateau, d'une pelle, de cageots et d'étagères où s'entassent des bocaux. Je n'ai pas voulu créer une pièce trop encombrée, pour ne pas obtenir une couverture trop chargée.
Les symboles :
Le symbole le plus important est la bougie, au centre de la couverture. Dans la resserre, Brodeck écrit à la lueur d'une bougie. La bougie comme seule source de lumière amenuise les possibilités de voir toute la pièce qui nous entoure. Cela lui donne un aspect mystérieux, accentué par l'utilisation de couleurs foncées autour du halo, ce qui crée un contraste. Brodeck écrit que la bougie "lance ses ombres fantastiques" tous les soirs. Cependant, la bougie peut aussi avoir un autre sens : elle représente la lumière de l'espoir. Malgré une vie difficile, Brodeck ne semble pas voir perdu espoir de repartir à zéro ( Est-ce la raison de son départ à la fin du roman ? ).
L'autre élément principal de la couverture est la machine à écrire. Brodeck en donne une description peu élogieuse, elle est "très vieille", " ses touches sont cassées" et elle est "capricieuse". Cependant, à l'heure où l'ordinateur a remplacé depuis bien longtemps la machine à écrire, en dessiner une n'est pas une mince affaire ! Je n'ai donc pas réussi à retrouver l'aspect vieilli de la machine. Le seul détail de la description que j'ai repris sont certaines touches cassées.
La table sur laquelle sont entreposées la bougie et la machine à écrire est celle de Diodème l'instituteur. Elle est composée de " deux beaux panneaux de noyer ciré, collé bord à bord sur quatre pieds simples, sans chichis ni ornements". J'ai aussi dessiné le fameux tiroir fermé à clef.
En arrière plan, se trouve une fenêtre, à travers laquelle on distingue trois ombres dans le brouillard. Ces trois ombres sont symboliques : ce sont celles de l'Anderer et de ses compagnons, Monsieur Socrate et Mademoiselle Julie. C'est aussi le côté mystérieux qui domine ici.
Enfin, dernier symbole, les mains qui tapent à la machine. Je n'ai volontairement pas dessiné le corps qui va avec, on aperçoit seulement les manches de la veste, aux rayures noires et blanches, rappelant les uniformes des populations des camps de concentration. On ne sait donc pas qui écrit ce rapport : Est-il âgé ? Jeune ? Bien portant ? Mince ?
En plus ...
La place du nom de l'auteur n'est pas choisie au hasard : il se situe près de la machine, ce qui rappelle au lecteur que derrière ce rapport, c'est avant tout la plume de Philippe Claudel qui écrit ...
La phrase " Je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien ", placée de façon verticale à gauche est la première phrase du roman. Elle a éveillé ma curiosité. Elle est écrite en police de machine à écrire.
J'ai donc voulu dessiner une couverture simple, aérée et surtout réaliste. Elle laisse le lecteur avec plusieurs questions : Qui sont ces ombres au fond ? De quoi parle ce rapport ? Qui est Brodeck ?
En dire trop sur une couverture, c'est réduire la curiosité du lecteur . C'est donc ma vision de l'histoire qui est exposée, mais le lecteur peut l'interpréter d'une autre manière.
Lysianne - 1ES2