Le Divan de Staline de Jean-Daniel Baltassat
Publié le 19 Novembre 2013
Dans l'esprit d'un homme d'acier
Sosso. Koba. Staline. Le petit père des peuples. Au début du Divan de Staline, on pourrait ajouter «le jardinier», ou bien «le cultivateur de roses». Surprenant ? Certes. Dans ce roman, Jean-Daniel Baltassat nous montre Staline tel qu'il était réellement, à la fin de sa vie, en 1950. Staline est vieux, usé et à bout. Il réside alors dans sa Géorgie natale, au château de Mikhaïlovitch, entouré de serviteurs, de soldats et de politiciens de tous âges. Staline n'a pas le moral, ses « bien, bien » rassurants laissent très vite place à des «bon» de mauvais augure. Il y a bien sa maîtresse, la belle Vodieva, mais que faire de celle-ci quand les souvenirs de son ancienne amante, Nadejda Allilouïva reviennent lui tourmenter l'âme ?
Alors elle joue la psychanalyste et lui le patient. Les œuvres de Freud l’intéressent de plus en plus, à tel point que Staline et Vodieva reproduisent la technique de lecture des rêves du «charlatan de Vienne» sur le même divan, avec les mêmes coussins.
Quant au jeune artiste Danilov, il piétine. Staline ne semble pas s’intéresser à son projet d’œuvre monumentale en l'honneur du Nouveau Monde Soviétique, et le terrible homme de main Vlassik semble prendre un malin plaisir à le questionner longuement...
Loin du Staline fier et plein de bonhomie des affiches de propagande, on découvre un Staline acariâtre, plus humain, qui ne semble suivre les nouvelles de l'empire Soviétique qu'avec un morne désintérêt.
Dans ce chef-d’œuvre, Jean-Daniel Baltassat nous offre une réelle opportunité de comprendre le terrible homme d'acier. Le Divan de Staline nous plonge dans un envoûtant mélange de politique, de haine, d'intrigue mais aussi d'amour et de compassion.
Marc 1L