Le fils dérangé d'un géant rationnel
Publié le 12 Novembre 2013
La faiblesse d'un génie.
Zurich 1930, le second fils d'Albert Einstein, Eduard vingt ans, est conduit à l'asile par sa mère alors qu'Albert réside à Berlin depuis plus de dix ans. Un abondon au profit de la science qu'Eduard vivra très mal tout le long de sa vie. Il développera une telle rancune pour son père qu'il en deviendra fou.
Laurent Seksik, écrivain et médecin revient sur le destin tragique du fils d' Albert Einstein qui finit parmi les fous, délaissé de tous, dans l'hôpital psychiatrique de Zürich. Sa mère qui l'avait élevé seule après son divorce, l'avait conduit à la clinique Burghölzi.
Un étrange sentiment de solitude, d'abandon de tristesse, voilà ce qu'Eduard Einstein ressent depuis des années et qu'il arrive à nous transmettre dans ce récit. Cet enfant plein de vie, très pertinent, doté d'une intelligence héréditaire s'enfonce peu à peu dans un univers obscur, lugubre. Il développe une schizophrénie dangereuse, rythmée de sautes d'humeurs, de folie, de mutilations. Une vie passée entre quatre murs et dans l'ombre constante de son père.
Ici le vrai héros est Eduard Einstein. Son intelligence est remarquable. Malgré sa folie il perçoit les choses avec beaucoup de lucidité et d'ironie « J'ai besoin de beaucoup travailler moi, je ne suis pas Einstein ». Son seul défaut en réalité est d'être né, fils d'Einstein. Il est en permanence en compétition avec son père qui ne lui laisse pas beaucoup de répit, et qui finit par l'abandonner pour toujours. Personne ne le voit, personne ne l'écoute, personne ne le comprend, excepté sa mère, trop aimante. Sa seule interlocutrice peine à l'envoyer à l'asile, elle ne perd non pas seulement son fils, mais aussi une partie d'elle en essayant de le guérir.
Ce livre est une extrême leçon de vie pour tout le monde. Quel est le vrai problème d'Eduard ? Sa tête dérangé où son père qui le renie et qui l'a rendu ainsi ? Nul ne le saura, Albert choisi d'abandonner son fils pour toujours et de ne jamais le revoir. « Mon fils est le seul problème qui demeure sans solution » Il choisit la facilité, la fuite plutôt que la compréhension, l'amour paternel. « Revenir à Zurich serait mourir. Voir Eduard serait mourir »
Le cas Eduard Einstein de Laurent Seksik.
Léa 1L