Le roi disait que j'étais diable de Clara Dupont-Monod.

Publié le 17 Novembre 2014

Mariage arrangé, mariage raté

 

Habitués à des romans historiques débordants de préjugés et d'idées reçues, nous découvrons ici le roman d'un amour impossible. Nous apprenons ce que peut-être la vie d'un couple au sommet de la royauté française au douzième siècle. Nous connaissons Louis VII seulement sous le nom de "Louis Le Gros". Quant à Aliénor d'Aquitaine, nous savons peu de choses sur elle, hormis peut-être ce que l'Histoire nous enseigne : c'était une femme de caractère qui fut reine de France.

 

On connaît peu Louis VII, on le découvre au fil des pages... En effet, loin de ce roman la description avantageuse d'un roi victorieux. Ici il est présenté comme quelqu'un d'humain. Cet homme est simplement mis à nu. Il est Louis, amoureux et amer, rejeté, divisé, sous l'emprise d'Aliénor, jaloux d'un troubadour : "J'aime ma femme qui ne m'aime pas". Mais loin d'être stupide, il s'imposera, à sa manière... Avec habileté, Clara Dupont-Monod joue avec ces personnages historiques, elle nous montre un roi "faible", peureux. Il n'aime pas la guerre et est incapable de prendre une décision sans son abbé. Et puis il y a Aliénor, femme "libre", cultivée, mécréante et spirituelle, mal assortie à son mari. "Louis est un homme du Nord", et elle du Sud.

 

Le roman orchestre la parole de l'un et de l'autre. Cette proximité avec les personnages, ce lien intime entre les deux époux nous bouleverse. Ce n'est pas une simple correspondance, c'est une narration à deux voix, dissonantes. Les deux personnages se font écho mais le dialogue est impossible.

 

Dans Le roi disait que j'étais diable, l'écrivain réinvente la manière d'écrire l'Histoire. Clara Dupont-Monod comble les vides que l'Histoire laisse derrière elle. Si le récit se déroule au douzième siècle, il est incroyablement contemporain. Les monologues du roi et de la reine, plus vrais que nature, nous paraissent d’une grande modernité.

 

C'est là tout le talent de cet écrivain, cette fluidité qui emporte le lecteur dans le fil de leur vie de couple, loin d'être monotone.

 

Enora, 1ES1

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Rédigé par Lettres

Publié dans #Critiques littéraires - Goncourt 2014

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