Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre.

Publié le 26 Novembre 2013

 

De l’obscurité à la lumière. 

 

Novembre 1918. Albert Maillard, comptable, et Edouard Péricourt, fils de la haute bourgeoisie et dessinateur prodige. Ils auraient  pu  se rencontrer dans une soirée mondaine, mais non… C’est dans les tranchées,  quelques jours avant l’armistice, sous  les bombes, la  peur  et  la  mort  que  le  destin  va  réunir ces deux  hommes, lors d’un ultime combat contre l’ennemi. Albert est  poussé dans un trou et  laissé pour mort  par son supérieur militaire, le lieutenant Pradelle ; Édouard, lui, va lui sauver la vie en lui tombant dessus. C’est  scellés  par leur douloureux passé, que  les deux hommes vont  devenir  amis, pour  le  meilleur  comme pour le pire. Et c’est poussés par l’amertume, la vengeance et  la  misère, qu’Albert et Edouard réaliseront  une « escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale » c’est ainsi, que ces deux  poilus  abandonnés et oubliés par l’Etat et leur patrie, feront payer à leur  Pays leur manque de considération et de gratitude envers eux et tous les soldats traumatisés par cette guerre des tranchées.

L’après-guerre  n’est  jamais  vraiment glorieuse  pour  ses  héros… Les  morts sont glorifiés, les rescapés, eux, sont  oubliés… C’est dans  cette  tranchante  vérité, d’une tristesse infinie et d’une cruauté macabre que Au revoir là-haut montre tous les aspects de la guerre, de  façon  sinistre  et  poétique  à  la  fois.  Ce  roman  est,  en  effet,  « une fresque  d’une  grande  cruauté », d’où se dégagent des  émotions  telles qu’on  en  voit  rarement… C’est  grâce  à  ces  émotions  que  Pierre  Lemaitre  a su conquérir le public de manière époustouflante.

Auteur à succès de polars, Pierre Lemaitre est de loin un des meilleurs romanciers noirs français, de Robe de marié à Sacrifice, il se démarque en faisant une peinture de l’après-guerre de 1914 qui nous emporte dans un voyage mêlant ironie et rebondissements. Ce titre, Au revoir là-haut, lui a été inspiré par la dernière lettre de Jean Blanchard adressée à sa femme : « Au revoir là-haut ma chère épouse », sous-entendu qu’il l’a retrouverait au ciel… Et c’est ainsi, dans mélange de mélancolie que s’achève ce roman.

Pierre Lemaitre parvient à nous enivrer part sa force d’écriture, mais aussi à nous émouvoir, et à nous faire vibrer.

Au revoir là-haut, est un bel hommage aux victimes de la guerre 14-18, qu’elles soient civiles ou militaires. Une pensée à ces familles de poilus qui ont vu revenir leurs enfants avec des traumatismes et des séquelles physiques et psychiques. Au courage qu’il leur a fallu pour réapprendre à vivre « comme avant ».

 

Marie, 1L

Rédigé par Lettres

Publié dans #Critiques littéraires - Goncourt 2013

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