Meursault, contre-enquête de Kamel DAOUD

Publié le 17 Novembre 2014

 

Une contre-enquête ou une quête?

 

       Un bar, un vieil homme, une histoire et nous.

       Ce livre nous happe, nous transporte en Algérie, on découvre petit à petit qu’on est là, face à cet homme qui se révèle. Histoire vraie ou fausse, elle est à prendre ou à laisser. On est alors quelqu'un d'autre : plus on lit, plus on perd son identité. Et on joue le jeu.


 

       Cet homme s'appelle Haroun, son frère Moussa, le meurtrier de son frère, Meursault. Ce frère a été tué et son corps n'a pas été retrouvé. Cela a détruit la vie d'Haroun et celle de sa mère ; à cause de Meursault, à cause d'un autre livre qui raconte une histoire avec ce point en commun, la mort d'un arabe en bleu de chauffe sur une plage trop ensoleillée.


 

       Il faut alors ouvrir son cœur et son esprit, écouter ce frère qui parle, le frère d'un inconnu, le frère d'un Arabe tué. Il est vrai que cet Arabe en question n'avait pas de prénom, ni d'identité dans la première histoire, celle de l'étranger. « On ne tue pas un homme aussi facilement quand il a un prénom. ». En lisant les premières pages de ce livre, on découvre que le mort s'appelle MOUSSA, et qu’il a été tué sans que l'on sache qui il était ni qui était sa famille. Or il a un frère : et dans ce livre, Haroun n'est plus seulement «le frère du mort», il a un nom et des sentiments, il est tout le contraire de ce qu'est Meursault, l'étranger. Meursault, contre-enquête, commence et finit comme L’Étranger et pourtant l'histoire est presque opposée. Meursault était comme un robot, Haroun est un homme, envahi par le regret, la culpabilité et influencé par son passé. Il retient notre attention et son histoire nous touche.

 

       Comment nous touche-t-elle ? A travers l'écriture, cet homme s'adresse à nous et nous fait part de la quête de son existence. On pense parler de son frère, mais on se rend vite compte que c'est d'Haroun que l'on parle. Haroun souffre, Haroun est détruit, Haroun est torturé. Il tente de se relever face au deuil, face à la précarité. Il est né dans une Algérie en pleine guerre d'indépendance et de haine. On aime ce personnage et on est souvent déçu et bouleversé de ne pas pouvoir répondre à ses questions, de ne pas pouvoir converser avec cet homme qui confie son histoire. Haroun a un prénom, des origines, mais il lui manque l’essentiel : son identité. Pendant toute sa vie, l'homme est en quête de ce qu’il est.

 

       Ce livre est attachant grâce à son personnage, il est surprenant par son contenu. On lit une réponse à un autre livre et on en apprend, à chaque page, un peu plus sur la vie. Puis on ferme le livre, et on se dit «l'homme est bizarrement fait» ou encore «J'aimerais écrire une lettre à Haroun». C'est un livre qu'il faut lire si ce n'est déjà fait.

 

Angèle, 1ES1

 

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Rédigé par Lettres

Publié dans #Critiques littéraires - Goncourt 2014

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