Brutalité d'une jeunesse perdue

Publié le 11 Mai 2012

 

 

                                                                     


 

     Yacef veut tout, tout de suite. Il vit dans la précarité, dans la violence, l'absence totale de limites. A l'image de ses amis « cailleras », en banlieue parisienne. Enchaînant les délits, ils n'hésitent jamais à recourir à la force et au racket, pour acheter plus tard une nouvelle paire de baskets. Une belle paire de baskets. Rien qu'une paire de baskets.

 

     C'est dans ce climat à la fois puéril et brutal que Morgan Sportès nous présente ce « conte de faits », qui ne laisse aucune place à l'espoir. L'auteur nous raconte tout, et tout de suite ; des petites agressions à l'enlèvement d'un homme, événement qui a défrayé la chronique. Le style du livre, à l'image d'un journal, se veut simple. Cela n'empêche pas les mots de heurter, de choquer, de blesser : « Élie est séquestré depuis quatre jours déjà. Il n'en a plus que vingt à vivre. » Les émotions vont et viennent à chaque page tournée. Et la description des personnages est détaillée et passionnante. Les acteurs de cette macabre tragédie ? Des pauvres, des délinquants, des chômeurs … Certains ont déjà des enfants, d'autres le sont encore. Ils ont tous eu leur rôle à jouer dans cette terrible affaire : l'enlèvement, puis le meurtre de « l'autre », comme ils disent, sous-entendu Élie, un jeune juif qui subit les pires tortures durant vingt-quatre longues journées. L'antisémitisme des ravisseurs, qui croient tous les juifs riches ainsi que leur sadisme sont à glacer le sang tant ils ont perdu toute notion de vraisemblance et d'humanité.

 

     Tout, tout de suite nous montre une jeunesse des banlieues perdue face à une violence banalisée. Ce canevas morbide révèle un récit d'une richesse considérable, haletant et terrifiant de bout en bout. On ne reste jamais indifférent. Plus qu'un livre, c'est un véritable choc.

 

                                                                                                                                                                                                                               Stélian, 1A    

 

Rédigé par Lettres

Publié dans #Critiques littéraires - Goncourt 2011

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