Tristesse de la terre, Eric Vuillard

Publié le 27 Novembre 2014

« Une légende vivante est une être mort. »

 

On connaît tous plus ou moins Buffalo Bill, de son vrai nom William Cody. C'est lui, qui a popularisé le chapeau stetson, le bandanna ou encore la chemise du cow-boy. Et contrairement à ce que l'on voit, les Indiens n'ont jamais fait « Whou ! Whou ! Whou ! » en se tapotant les lèvres comme le font tous les petits enfants qui jouent aux Indiens, « c'est une pure invention de Buffalo Bill ». Il est une figure mythique de la Conquête de l'Ouest.

 

Dans Tristesse de la terre, le romancier Eric Vuillard tire Buffalo bill de l'oubli. Cody, a été employé de chemin de fer et a fait naître le plus grand spectacle du monde nommé le Wild West Show. Il est devenu Buffalo Bill, et s'est effacé derrière les vestes à franges et les répliques de parades, oui, Cody était « mort ». Comme dit l'auteur, « une légende vivante est un être mort ». Cody

 

1883, début de la tournée du Wild West Show. Elle va se dérouler pendant une vingtaine d'années dans le monde entier. Une troupe de « huit cents personnes, cinq cent chevaux de selle et des dizaines de bisons ». Un spectacle fascinant où les vilains Indiens étaient vaincus chaque soir par d'héroïque cow-boys. Mais qu'est réellement ce show ? Quelle puissance attractive peut donc amener chaque jour quarante mille personnes à venir voir ce spectacle ? Comment révolutionner l'art du divertissement et stupéfier le public en racontant une histoire ? C'est ce que des millions d'Américains d'abord, puis d'Européens avaient envie d'entendre... Il y a du « mouvement et de l'action », la « réalité elle même ». Tout y est ! Le public vient toujours plus nombreux applaudissant, riant, criant, tout entier captivé », fasciné. Il faut surprendre ce public par une intuition de la mort qui ne quittera plus le spectacle. En un mot, c'est l'acte de naissance du show-business.

 

A travers ces lignes rythmées et aérées, Vuillard nous montre qu'à force de mensonges notre Buffalo Bill finit par croire aux siens et se construit une image de héros qu'il n'a jamais été. « Sa vie sera la parodie de sa vie, en quelque sorte, une autre vie fabriquée, promise à d'autres ». Les anecdotes attachées à ce livre sont passionnantes. Elles sont accompagnées de photographies de l'époque, ce qui nous émeut d'autant plus et nous procure des sentiments très forts.

 

Maryne, 1L

Rédigé par Lettres

Publié dans #Critiques littéraires - Goncourt 2014

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