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Publié le 27 Novembre 2015

A quand la Fin du Monde ?

 

         Se souviendra-t-on éternellement des siècles d'Histoire, de découvertes et de guerres qui nous précèdent ? Ou bien assistera-t-on, un beau jour, à l'écroulement de cette civilisation, à l'avènement d'un Ordre Nouveau et à la Fin du Monde ?

        L'Abistan est un immense empire déchiré par une multitude de Guerres Saintes, sans frontière, dont les soixante provinces s'étendent sur toute la planète ; il tire son nom d'Abi, Délégué sur Terre du Très-Haut Yölah -gloire à lui-, et prophète du Gkabul, religion universelle qui se base sur la foi, la soumission et l'acceptation aveugles de ses croyants. A Qodsabad, la capitale, tout le monde vit dans la méfiance de l'autre et dans l'espoir d'une existence idéale dans l'au-delà ; les hérétiques sont dénoncés par leurs voisins, arrêtés, puis jetés dans un stade et battus à mort. Après un séjour d'une année dans un sanatorium coupé du monde, Ati, habitant de la capitale, se questionne sur le Système : Qui est-il ? D'où vient le Gkabul ? Et que signifie cette date, 2084, marquant la fin et le début de tout ? A ces questions s'ajoute la rencontre de Nas, un archéologue condamné par le Système pour avoir découvert les vestiges d'un ancien monde, plus ancien encore que l'avènement d'Abi sur Terre...

       Voilà un récit profond, intelligent et poignant sur l'hypocrisie et le danger d'une potentielle dictature religieuse ; la précision de la psychologie d'Ati nous transporte dans l'ambiance froide, écrasante, étouffante d'un monde régi par la Pensée Unique. On se questionne avec le héros, on cherche des réponses, et l'on se prend de pitié pour ce peuple sans souvenirs, sans saveurs, divisé par la couleur des vêtements, où chacun vit dans le confort de son petit quartier, noyé dans l'immensité du pays dont la Frontière est une légende urbaine... Et puis l'on imagine un monde pareil, où la parole d'un prophète pourrait faire basculer la population entière dans l'ignorance, la peur, l'obéissance à une croyance supérieure, au sacrifice de la liberté et de la pluralité des pensées...

      Fort heureusement, cela n'est pas près d'arriver. Comme l'écrit l'auteur : « Dormez tranquilles, bonnes gens, tout est parfaitement faux et le reste est sous contrôle. »

Malo, 1èreS 2

2084, La Fin du Monde, de Boualem Sansal

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Rédigé par Malo 1èreS 2

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Publié le 26 Novembre 2015

Une histoire pimentée

 

      Lecture au son du Griot Rouge d’Ablaye Cissoko. L'atmosphère est posée : Loango, à vingt kilomètres de Pointe Noire, au Congo, dans un orphelinat, « institution placée sous l'autorité abusive et corrompue de Dieudonné Ngoulmoumako ».

      « Tout avait débuté à cette époque où, adolescent, je m'interrogeais sur le nom que m'avait attribué Papa Moupelo, le prêtre de l'orphelinat de Loango : Tokumisa Nzambe po Mose yamoyindo abotami namboka ya Bakoko. Ce long patronyme signifie en lingala « Rendons grâce à Dieu, le Moïse noir est né sur la terre des ancêtres », et il est encore gravé sur mon acte de naissance… » Voici comment Moïse, orphelin depuis sa naissance, commence son histoire. Une histoire qui le mènera à s'évader de cet orphelinat devenu la « pépinière du Parti congolais du travail » durant la « Révolution socialiste scientifique » dans les années 70 ; une histoire qui, malgré les formidables rencontres qui le lient à cet établissement, va le pousser à quitter son meilleur ami, Bonaventure ; une histoire qui le rendra chez Maman Fiat 500 et ses dix filles ; une histoire qui ne cessera de changer ses repères, ses fréquentations.

      Nous suivons donc ce petit Moïse, alors âgé de treize ans, dans les couloirs et les bâtiments de son orphelinat jusqu’au moment où il nous entraîne en dehors de ces murs qui sentent l’embrigadement forcé à plein nez et où il laisse son meilleur ami derrière lui. Arrivés à Pointe Noire, nous vagabondons avec lui entre les étals du Grand Marché, chapardons de quoi manger et renversons les bandes adverses. Puis vient la rencontre avec celle qui va changer le cours de sa vie : Maman Fiat 500 va l’héberger et lui trouver un travail maintenant qu’il est âgé d’une vingtaine d’années. Pensant avoir tracé le reste de sa vie, le malheur vient s’abattre sur lui comme s’il n’avait pas déjà assez souffert. Le choc est terrible : pendant presque vingt ans il se bat contre cette vie qui ne lui correspond pas mais finit par une rencontre en apothéose.

      Petit Piment est un livre mêlant l’histoire d’un pays en pleine révolution et celle d’un jeune Congolais qui en subit les conséquences. Ce roman nous plonge dans un autre univers : c'est une très belle leçon de vie qui nous apprend qu’il ne faut pas s’arrêter à ce que l’on a, car tout peut s’effondrer en un claquement de doigts.

Anaël, 1èreS2

Petit Piment, Alain MABANCKOU

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Rédigé par Anaël, 1°S2

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Publié le 26 Novembre 2015

      Il est ethnopsychiatre, professeur de psychologie, mais aussi essayiste et romancier. Tobie Nathan, né au Caire en 1948, a été contraint de quitter son pays natal à l'âge de neuf ans mais reste amoureux du souvenir qu'il en garde. A travers son dixième roman, il révèle ses talents de conteur au grand jour. Une saga mordante, empreinte de sensualité et de nostalgie, aux couleurs et aux odeurs de l’Égypte d'un temps passé.

      Quartier juif du Caire, 1925. De l'union d'Esther, hantée par les démons, et de Motty, l'aveugle, naît un fils : Zohar (“joyau”). L'enfant tant désiré mais chétif est, à peine venu au monde, déjà prêt à le quitter. Esther n'a pas de lait à donner à son fils qui dépérit. Il ne doit sa survie qu'au sein d'une jeune femme musulmane, Oum Jinane à la voix d'or, venant d'enfanter Masreya. En cet instant, Zohar ne sait pas qu'il partage le lait de sa seconde mère avec celle qui sera l'amour de sa vie. Les sorts des deux frères de lait sont liés à jamais : le Juif aux grands yeux noirs et l'Egyptienne à la peau sombre s'aiment d'un amour passionnel, mais interdit, contre lequel ils ne peuvent lutter.

      Tobie Nathan nous plonge au cœur d'une Égypte multiple, peuplée de Musulmans, de Juifs, de Coptes, de Grecs, d'Arméniens... Une Égypte flamboyante, truculente, aujourd'hui disparue. Selon l'auteur, c'est une erreur que de croire aujourd'hui que pour vivre ensemble, il faut être semblable. Cette merveilleuse fresque nous emporte en un voyage vertigineux dans le temps et l'espace, dévoilant une page d'Histoire méconnue de beaucoup à travers la vie des personnages, complexes et attachants. Ce pays qui te ressemble raconte la chute d'un monde ancien, baigné de magie, de sortilèges et de talismans et l’avènement d'un monde moderne, divisé, violent et méfiant. C'est un roman foisonnant, qui évoque l'histoire de l’Égypte du XXe siècle, de la grandeur du somptueux roi Farouk jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Nasser en 1952, avec pour point d'orgue l'expulsion des Juifs. Il aborde également, entre autres, la poussée soudaine de la Confrérie des Frères musulmans qui entraîne l'islamisation du pays. A l'heure où l'islamisme radical est devenu une menace terroriste permanente, où le djihadisme est aux portes de nos sociétés occidentales, voilà une opportunité de comprendre les racines du mal.

      Le roman, écrit dans une très belle langue, est ponctué de métaphores et d'allégories ainsi que d'incantations et de chansons conférant au récit une suave musicalité. Il entremêle à la perfection la petite et la grande histoire. C'est une belle réussite, malgré quelques longueurs et un début de récit peu entraînant. Coup de cœur.

Noemi, 1S2

Ce pays qui te ressemble, de Tobie Nathan

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Rédigé par Noemi 1S2

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Publié le 25 Novembre 2015

Une vie épicée

 

       Un nouvel enfant est abandonné sur le seuil de l'orphelinat de Loango.

       Alain Mabanckou, un écrivain déjà reconnu grâce à ses œuvres comme Verre Cassé ou encore Mémoire de Porc-épic, est un Congolais qui connaît bien l'Afrique et qui la fait vivre dans ses écrits.

      « Tokumisa Nzambe po Mose yamoyindo abotami namboka ya Bakoko ». Voilà le nom complet du dit « Petit Piment », le héros de ce livre. Ce nom à rallonge lui a été donné dans l’orphelinat de Loango où il a été accueilli, après avoir été abandonné. Il vit une enfance plutôt difficile, mais adoucie grâce à Papa Moueplo, le prêtre de l'orphelinat. C’est lui qui a choisi le long prénom que porte celui qui se fait appeler "Petit Piment". Il le considère comme son propre père, ou comme une sorte de sauveur, seule lumière dans la sombre prison qui lui sert de maison. Mais, à cause de la politique du Congo et du directeur tyrannique de l’orphelinat, il doit fuir de ce lieu, devenu centre de formation d'enfants pour la révolution congolaise. Papa Moueplo s'est fait renvoyer et le bonheur n'y est plus présent.

       Nous le suivons donc dans ses péripéties à Pointe Noire, nous apprenons comment il a grandi entre les rues, comment il a rencontré Maman Fiat 500 et comment il est devenu fou...

        Avec cette histoire mouvementée, Alain Mabanckou nous emporte dans son aventure avec le personnage de Petit Piment, qui semble être visé directement par la politique mouvementée du Congo. L'écriture est plutôt fluide, truffée d'anecdotes et de descriptions détaillées, ce qui nous donne envie de continuer, de savoir ce qui va lui arriver, en croisant les doigts, en espérant qu'il ait enfin le droit à sa revanche contre la politique qui a gâché sa vie.

       Même si le livre perd de son rythme au fil de la lecture, on s'attache très facilement aux personnages et on ressent bien les émotions qu'il contient, ce qui rend le récit très prenant et vivant.

       Petit Piment est un bon livre dans l'ensemble, mélange d'espoir et de tristesse, avec un fond de mélancolie...

Emilien, 1S2

 

 

Petit Piment, de Alain Mabanckou

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Rédigé par Emilien, 1S2

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Publié le 25 Novembre 2015

Détroit, une ville qui vaut le détour

 

       Thomas B. Reverdy est un romancier français né en 1974. Au cours de ses études de lettres à l'université, il participe à la revue La femelle du requin, dont il dirige la publication du numéro 4 au numéro 12. Il obtient l'agrégation de lettres modernes en 2000. Ses trois premiers romans, La Montée des eaux, Le Ciel pour mémoire et Les Derniers Feux, constituent une sorte de cycle poétique. Ils abordent les thèmes du deuil, de l'amitié et de l'écriture. Dans il était une ville, il aborde le sujet de la crise et du désastre.

     Eugène est un ingénieur français embauché pour diriger une équipe chargée de révolutionner l'industrie automobile, alors que Détroit, capitale de cette industrie, est en train de subir la crise des années 2008. Il découvre l'envers du rêve américain à travers cette ville ruinée par la crise financière. Des quartiers entiers sont abandonnés, vidés de leurs habitants qui ont fui vers des endroits meilleurs pour vivre. Il tente, en vain, de faire correctement son travail, car son chef ne lui répond plus depuis longtemps. Il perd peu  peu ses derniers espoirs d'une vie meilleure, mais il fait heureusement la connaissance de Candice, la serveuse du bar où il a pour habitude de boire des verres, pour rompre sa solitude.

        Certains tentent de résister et de survivre dans ce milieu hostile comme Charlie, un enfant élevé par sa grand-mère et ses amis. Mais lui aussi, comme beaucoup d'autres adolescents, choisit de fuir, un matin. Il laisse derrière lui sa maison et sa grand-mère pour soutenir son meilleur ami, Bill, battu par sa mère. Charlie et son copain Bill errent dans la ville pour tromper l'ennui. Ils sont livrés à eux-mêmes car ils n'ont plus de parents et ne croient plus en un avenir meilleur. Il ne reste plus que quelques policiers, dont l'inspecteur Brown, qui essayent de garder un semblant d'« ordre » dans ce chaos qui n'en vaut plus la peine !

       Les péripéties évoquent surtout la fuite de Charlie, mais le personnage principal du roman est  la ville, comme nous l’annonce le titre. « Ici, les maisons ne valent plus rien et les gens s’en vont, en les abandonnant purement et simplement  ; la ville est en lambeaux. Nous sommes à Detroit en 2008 et une blague circule : que le dernier qui parte éteigne la lumière. On dirait que c’est arrivé. »

      Dans ce livre, j'ai beaucoup aimé l'ambiance de fin du monde qui règne sur Détroit. A la fin, on est presque soulagé de quitter cette ambiance pesante et glauque, à laquelle on avait fini par s'habituer !

Maxime, 1S2

Il était une ville, de Thomas B. Reverdy

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Rédigé par Maxime

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Publié le 25 Novembre 2015

   L'ascention vers la chute

     Détroit est une fourmilière qui s'agrandit sans cesse, sans limite, notamment grâce au Taylorisme, et à son efficacité remarquable. C'est la capitale de l'industrie automobile, ou du moins, ça l'était, au temps ou cette ville en était une...

      C'est en 2008 que tout commence à partir en vrille, avec la crise des subprimes. Cette crise, lorsque le roman commence, est déjà bien avancée. Quand Eugène arrive à Détroit, il y a une pesante impression de vide. En réalité Détroit « est » vide dans un certain sens, la ville est déjà aux trois quart « avalée » par la crise. La « catastrophe » ils appellent ça. Faut les comprendre, c'est ça qui a vidé un nombre impressionnant de maisons à cause de la faillite, du manque d'argent, des dettes. Eugène avait déjà « tiré » deux ans dans l'entremonde chinois, une série de bâtiments qui regroupait les endroits essentiels à la vie quotidienne dans des unités, comme l'unité de vie. Vraiment pas une belle expérience pour Eugène..

       Au cours du roman, on suit donc l'aventure d'Eugène, un ingénieur d'entreprise français. Ce J3C « jeune Cadre à Carrière Courte », est assez attachant. On suit l'évolution du personnage, il est décrit assez fragile, effilé, timide, mignon dans son genre, bref, un homme qui ne se fait pas remarquer par tout le monde. Il est pourtant censé diriger le treizième bureau sous les directives de l'entreprise, chose qu'il réussit assez bien en fin de compte. Il acquiert confiance en lui, prend les choses en main.

         Charlie, lui, vit sa vie de garçon de douze ans. Il sort avec ses copains, « la petite bande », on découvre ses aventures, extraordinaires à ses yeux, ses expériences, ses joies, ses craintes, ses « conneries » et ses regrets, bref tout ce qui peut arriver à un enfant de son âge, et même des choses assez inattendues. Notamment de se faire influencer par quelqu'un qu'il croyait être son ami, Charlie finit par quitter sa famille pour partir à l'aventure avec ses deux camarades.

        Vient enfin le lieutenant Brown,un « flic », un simple « flic », un des agents plus tout jeunes, désigné pour faire régner un semblant d'ordre dans Détroit. Il est l'original de son boulot, insomniaque, considéré comme dérangé par ses collègues. La plupart des dossiers en attente ou non classés lui sont remis, il n'en dit rien et se contente d'essayer de résoudre une affaire de personnes disparues. Il est presque à la retraite, ça lui permet de faire passer le temps durant ses nuits de veillées. C'est d'ailleurs lui qui traitera l'affaire de la disparition des dizaines d'enfant de cette ville.

         Au fond, ces personnages ont un point commun ils voient la même chose avec chacun des problèmes de leur âge.

        J'ai beaucoup apprécié ce roman. Malgré un démarrage que l'on pourrait trouver un peu long, le suspens est présent et vous emporte avec les personnages. Au fur et a mesure que la lecture avance, les péripéties des différents protagonistes se rejoignent et amènent à une certaine réflexion. Le fait de dénoncer le rôle des bourses et les rendre responsables de la crise, au même titre que les entreprises qui se contentent de licencier aux lieu de régler les problèmes, permet de voir cette crise sous un autre angle.

Steven 1S2

Il était une ville, Thomas B. Reverdy

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Rédigé par Billant Steven

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Publié le 25 Novembre 2015

Une vie de Robinson au XXIe siècle

      Je connaissais Isabelle Autissier en tant que navigatrice et présidente du WWF-France. Grâce à son dernier roman Soudain, seuls, je découvre son formidable talent d’écrivain.

      Elle se sert de son expérience pour écrire un roman d’aventure qui fait froid dans le dos. Ludovic et Louise forment un jeune couple mordu d'aventure, qui commence à battre de l'aile. Ils décident de prendre une année sabbatique pour faire le tour du monde et pour retrouver leur complicité d'autrefois. Louise aime beaucoup la nature, elle pratique souvent la randonnée et l'escalade. Ludovic, quant à lui est plutôt du genre citadin, c'est un beau gosse qui aime prendre la voile. Le récit est divisé en deux chapitres.

      Le premier chapitre « Là-bas » raconte comment les deux jeunes, après avoir longuement navigué, décident de s’arrêter clandestinement sur l'île interdite de Stromness. Elle se situe entre la Patagonie et le cap Horn. C’est à ce moment-là que leur bonheur vire au cauchemar. Après une belle randonnée sur cette île déserte, la tempête qui éclate les oblige à passer une nuit sur Stromness. Le lendemain matin, le temps est calme, mais arrivés sur la baie, ils se rendent compte que leur fidèle voilier, Jason, a disparu. Ils se retrouvent alors soudain seuls face à cette île maudite, sans moyen de communication, attendant un éventuel navire rempli de scientifiques. Pour survire, ils doivent réapprendre les gestes ancestraux et combattre pour leur survie. Jamais ils ne s’étaient dit que vivre comme des hommes préhistoriques était si compliqué.

      Le deuxième chapitre « Ici » est plus délicat à raconter si l'on ne veut pas gâcher la fin. Leur disparition fait la une des journaux, tous les médias s'arrachent leur histoire. Cette situation est très difficile à vivre et leur rappelle de nombreux souvenirs sur cette malheureuse île.

       On pense à l'histoire de Robinson Crusoé : le récit nous amène à nous inquiéter pour nos deux héros à chaque fois qu’une nouvelle épreuve s’abat sur eux. Vont-ils réussir à survivre ? Quelles seront les conséquences de leur terrible périple sur leur couple ? Comment vont-ils vivre l'épreuve des médias ?

      Cette aventure, pourtant imaginaire, semble tellement réelle. Je découvre le style assez impressionnant d'Isabelle Autissier. Elle pèse ses mots d'une façon incroyable. Le vocabulaire, riche, sonne presque comme de la poésie. Sa plume délicate nous fait ressentir les sensations et les sentiments des héros, comme l'amour, la passion, la peur, le dégoût, l'horreur... Elle dit tout, sans jamais faire de faux-pas. De plus, le lecteur est amené à une réflexion profonde. Comment aurions nous réagi à leur place ?

      Je vous recommande Soudain, seuls. Isabelle Autissier, notre navigatrice, tient sa plume aussi bien que sa barre. Personne n’est prêt d’oublier ce magnifique roman.

Corinne. 1ère S2

 

 

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Rédigé par Corinne. 1ère S2

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Publié le 25 Novembre 2015

2084 : Le totalitarisme du futur

        Boualem SANSAL est né le 15 octobre 1949 à Thienet El Had. C’est un écrivain algérien d’expression française qui habite toujours en Algérie. Il est très reconnu en France et en Allemagne, pays dans lesquels ses romans ont du succès et où il a reçu de nombreux prix. Très politiques, ils seraient censurés dans son pays natal. Pour ce livre, SANSAL s’inspire de 1984 de Georges ORWELL et de Fahreinheit 451 qui racontent tous deux une contre-utopie.

       L’Abistan est un empire immense dont les habitants ne connaissent pas les frontières. Leur vie est dirigée par une loi religieuse. Abi est le délégué de Yojla sur terre et son portrait s’étale sur tous les murs des villes. L’Abistan est un monde né après la Grande Guerre Sainte. Rien d’autre n’existe, il n’y a pas de passé, ni d’avenir. Le peuple parle une langue pauvre, l’abilang, inventée pour seule fin d’empêcher les hommes de penser par eux-mêmes. Dans ce livre, nous suivons Ati, un fonctionnaire qui vit dans la capitale Qodsabad. Il ne s’est jamais posé de question sur la vie qu’il menait jusqu’à ce qu’il tombe malade et soit envoyé en sanatorium. Il s’agit d’une montagne magique d’où l’on sort non pas guéri, mais en voie de guérison si bien qu'il se pose encore plus de questions. Ati met alors en doute les certitudes imposées, car il voit des visages différents alors qu’il pensait que tous les Abistanais se ressemblaient. Il se lance alors dans une enquête sur l’existence d’un peuple de renégats qui vit dans des ghettos, sans le recours de la religion.

       Dans 1984 sorti en 1941, Georges ORWELL dénonçait les régimes totalitaires. Et dans 2084, Boualem SANSAL dénonce aussi le totalitarisme, en suivant le même déroulé que le roman d’ORWELL. En effet, c’est un principe totalitaire parfait, basé sur la même logique que le principe soviétique : on dit au peuple qu’il est heureux et celui qui ne le croit pas est fou.

       L’auteur dénonce ainsi le monde actuel : avec la montée du radicalisme dans le monde, il imagine en 2084 un monde similaire à celui qu’il a représenté dans son roman. C’est pour cela que j’ai apprécié ce roman : on s’attache au personnage perdu dans un monde qui semble parfait, mais qui, en réalité, cache beaucoup de secrets. Il parle aussi d’un régime totalitaire et cela fascine toujours autant ; c’est pour cela que 1984 a eu un si grand succès. Par contre, je n'ai pas aimé certains points du livre comme les descriptions un peu longues, même si cela permet de donner une image précise de ce que l’auteur veut montrer.

Tanguy 1S2

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Rédigé par Tanguy 1S2

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Publié le 25 Novembre 2015

Pour de Vrai

 

        « Mais qu'est ce qu'on peut écrire après ça ? ». C'est la question que Delphine et ses lecteurs se posent. Après la parution de son quatrième roman, Rien ne s'oppose à la nuit, dans lequel l'auteur évoquait le suicide d'une mère bipolaire, un roman autobiographique qui avait pour seule couverture une photographie de sa mère, la narratrice s'épuise à enchaîner les parutions médiatiques. Elle se retrouve désœuvrée, noyée parce qu'elle a écrit un livre dont elle « n'avait pas imaginé la portée. Un livre dont l’effet au sein de [sa] famille et autour [d'elle] se prolongerait longtemps ». Un livre qui lui vaut même de recevoir des lettres de menace. Et lorsqu'elle décide de se remettre au travail, c'est le vide, le néant ou plutôt la page blanche. Impossible d’écrire la moindre ébauche, la moindre phrase, puis ensuite, l'idée même de se retrouver devant le clavier la tétanise au point de vomir. Tenir un crayon se révèle impossible. « Écrire, je ne pouvais plus. Écrire, c'était non. »

        Elle est fatiguée, abattue. Et puis elle rencontre L. au cours d'une soirée chez l'amie de son amie. S'en suit alors une relation des plus déroutantes. L. s'est insidieusement glissée dans sa vie, au point d'en prendre le contrôle sans pour autant que Delphine ne l'en empêche. S'en est elle-même rendu compte ? « Encore aujourd'hui, il m'est difficile d'expliquer comment notre relation s'est développée si rapidement, et de quelle manière L. a pu, en l'espace de quelques mois, occuper une telle place dans ma vie. L. exerçait sur moi une véritable fascination. L. m'étonnait, m'amusait, m'intriguait. M'intimidait ». Mais entre L. et elle, on se demande petit à petit qui mène vraiment le jeu des faux-semblants... « Ce livre est le récit de ma rencontre avec L. L. est le cauchemar de tout écrivain. Ou plutôt le genre de personne qu’un écrivain ne devrait jamais croiser. »

       Notre société est fascinée par le Vrai. Le Vrai à la télé, le Vrai au cinéma, le Vrai dans l'écriture... Tout au long du roman la même question nous revient, est ce que c'est vrai ? Cette fois-ci, le lecteur se retrouve au cœur d’une étrange manipulation. Avec ce thriller psychologique et cette vertigineuse réflexion sur l'obsession actuelle de l'édition ou du cinéma pour les histoires inspirées de « faits réels » Delphine De Vigan réussit à nous captiver de bout en bout.

        La limite entre le réel et la fiction reste floue jusqu'à la fin et même au-delà. La frontière est assez ténue entre ce qui est normal et ce qui ne l'est pas. On s’inquiète, on se méfie, on appréhende jusqu'au bout. On se laisse convaincre, car c'est ce que l'on recherche, "une histoire vraie".

Perrine 1S2

D'après une histoire vraie, Delphine De Vigan

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Rédigé par Perrine 1S2

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