« Durban Soweto » est une photographie prise par Ernest Pignon-Ernest. La sérigraphie qu’on peut observer au second plan a été collée dans les rues de Soweto, un quartier de Johannesburg en Afrique du Sud. Il y en eut au moins 300 exemplaires.
Au premier plan, on aperçoit trois jeunes hommes (peut-être des habitants du quartier). Leurs yeux regardent quelque chose au loin, derrière l’appareil photo. Ils portent tous les trois un pantalon avec un haut qui s’apparente à des t-shirts de sport. Deux sont jaune vif.
Au second plan on aperçoit la sérigraphie d’Ernest Pignon-Ernest cachée en partie par un caddie vide devant le mur où elle est collée. La sérigraphie est en noir et blanc et on y voit une jeune femme qui porte un jeune homme dans ses bras. Il paraît mourant. Le mur où est collée la sérigraphie est sombre et sale, ce qui crée un contraste avec les t-shirts colorés des jeunes hommes au premier plan.
Au fond, on voit le ciel, bleu et des immeubles sur le côté droit de l’image.
Entre le premier et le second plan passe un homme qui marche. Il n’est pas bien visible. Cela crée du mouvement ; la photo a été prise sur le vif.
Cette œuvre a une réelle dimension d’engagement. Son idée a germé des rencontres faites sur place et notamment d'une photographie prise le 16 juin 1976 après la révolte d’écoliers et lycéens noirs pendant l’apartheid en Afrique du Sud. Le but de ces manifestations était de protester contre l'introduction de l'afrikaans comme langue officielle d'enseignement à égalité avec l'anglais dans les écoles locales. Elles se transformeront en bain de sang, car les forces de l’ordre blanches tirent sur la foule. La photographie représente une jeune femme noire portant dans ses bras, Hector Petersen, 12 ans, mort. Cette photo était déjà un symbole dans la lutte pour l’égalité entre les noirs et les blancs en Afrique du Sud. Elle représente également le combat mené contre l’apartheid et le racisme ainsi que les morts liés à la répression de 1976.
Ernest Pignon-Ernest se réapproprie cette photo pour mettre l'accent sur un autre combat, celui conte le Sida. Grâce à cette image, il cherche à sensibiliser les gens en représentant l’enfant, dans les bras de la femme, en malade mort du Sida. Il veut montrer le rôle qu’a joué la femme dans ce combat tout en représentent la douleur et la tristesse de perdre un proche.
Finalement, cette œuvre est une arme de combat au service d’une cause, car elle touche le passant et l’interpelle. Ici, le peintre mêle plusieurs combats : la lutte contre le Sida qui a particulièrement touché les pays d’Afrique, mais également la lutte contre les inégalités raciales qui reste un combat très important encore aujourd’hui.