Publié le 18 Avril 2011
Jérôme Leroy est né en 1964. Il a enseigné pendant 20 ans. Déjà dès tout petit, il écrivait des histoires qu’il essayait ensuite de revendre à sa famille. Il a écrit vingt livres dont deux recueils de poèmes. Le premier recueil rassemble les meilleurs poèmes qu’il a écrits pendant environ quinze ans. Un dernier vers en Atlantide a été créé à partir des poèmes de ces cinq dernières années. Pour lui, un recueil de poésie ne se lit pas comme un roman, il faut le « picorer ».
D’où vient son inspiration ?
Pour le recueil Un dernier vers en Atlantide, qui a été réalisé entre 2004 et 2010, Jérôme Leroy s’est inspiré de l’actualité, de son inquiétude sur l’avenir du monde, « le monde devient nu, un roman apocalyptique » nous a-t-il confié. Il évoque aussi la crise de la quarantaine, qui représente le milieu de la vie et donc « la tristesse de devenir un vieux con ».
Est-ce-que ses poèmes contiennent une part d’autobiographie ?
Il y a une très grande part d’autobiographie avec la nostalgie de sa jeunesse. Il a passé plusieurs étés entre 15 et 21 ans en Union Soviétique. Il appartient également à une famille communiste, d'où les allusions dans plusieurs de ses poèmes. En évoquant l'Atlantide, il pense également au monde perdu comme le communisme qui a disparu. C'est une double nostalgie.
Beaucoup de chanteurs apparaissent aussi dans ses poèmes, y a-t-il une raison particulière ?
Les chanteurs évoqués sont tous des chanteurs de soul et de rythme & blues car il a une affection particulière pour ce genre de musique. Marvin Gaye ou encore Amy Winehouse sont des chanteurs qu’il apprécie. Jérôme Leroy a besoin d’un paysage sonore ; cependant le rythme de ses poème n’est pas basé sur la musique. Il évoque aussi son « problème avec la rime ».
Pourquoi ce problème avec la rime ?
Si bien des poètes font très attention aux rimes, Jérôme Leroy la trouve « trop poétique ». Par la même occasion, il nous explique sa gêne quand on le désigne comme un poète. Il appelle cela un « blocage ». Pour lui, pour écrire un poème, il faut éviter de faire poétique.
A la lecture de ses textes, nous lui demandons s’il trouve une limite à la poésie des mots ?
Dans ses poèmes, Jérôme Leroy emploie toutes sortes de mots et même« vomir » ; il aborde des sujets comme le sexe, la drogue, l’alcool ... Il nous explique qu’il n’a pas de censure et que l'important n'est pas le sujet mais le regard posé dessus. Un sujet comme le sexe est poétique ! Il parle donc librement. Il cite Kant : « L'art n'est pas la représentation d'une belle chose, mais la belle représentation d'une chose »
De plus, pour lui les outils comme les métaphores ou les périphrases ont une connotation trop poétique ; il les met à distance.
Une question nous intriguait : pourquoi fait-il souvent référence aux bonobos ?
Ces singes sont des animaux assez inhabituels dans des poèmes ! Il est fasciné par les grands singes. Les bonobos sont à 98% proches de nous et chez les Bonobos, il n’y a absolument pas de hiérarchie ; ils ne règlent jamais leurs problèmes par la violence, mais par le sexe. Il dit : « Les Bonobos sont des singes Peace & Love » Il ajoute : « Mais je n'en connais pas personnellement » Le monde des Bonobo est moins violent que le nôtre. « Si Darwin avait découvert que les Bonobos étaient les singes les plus proches de l'homme, comment aurait évolué sa théorie ? » Le monde actuel aurait peut être était plus « rose ». Sa référence aux bonobos est en quelque sorte une critique de notre société !
Avec l’évocation de l’union soviétique, nous pouvons nous demander s'il a fait d’autres voyages
Jérôme Leroy intervient à l’étranger, travaille pour Marianne et le magazine Géo, ce qui lui offre des occasions de se déplacer. Mais il préfère voyager pour aller voir des amis. Ces voyages représentent une source d’inspiration supplémentaire pour lui.
La question de l’écriture vient alors : a-t-il écrit dans le train en venant ?
Il nous répond que non. Il a surtout lu (car il aime lire). Cependant écrire lors de trajet peut lui arriver.
A-t-il un rythme d’écriture ?
Pour lui la poésie ce n’est pas comme le roman, on ne peut pas s’assoir devant un ordinateur et rester une heure pour travailler un poème comme c’est le cas pour les romans. Un poème vient quand il vient. C'est pourquoi il a toujours un carnet sur lequel il peut écrire quand l’inspiration lui vient Il peut écrire trois à quatre poèmes par semaine ou par mois. Ce n’est pas forcément régulier.
Quand estime t-il qu’un poème est fini?
Dès le premier jet, le poème est fini à 90% et au bout du deuxième, il est fini à 99,99%.
Nous nous demandons aussi pourquoi il ne met jamais de ponctuation dans ses poèmes, sauf le point final.
Jérôme Leroy retire la ponctuation de tous ses poèmes. Sans ponctuation, il y a possibilité de jouer sur plusieurs sens, sur l’ambiguïté ; il trouve que l’ambiguïté est « belle» De plus, cela permet à chacun de trouver son rythme de lecture.
Écrit-il toujours à l’encre et au papier ? Ou est-il passé à l’ordinateur ?
En ce qui concerne les romans et les essais, il est passé à l'ordinateur depuis 1997 environ, il trouve cela plus facile. Pour la poésie, il a gardé son petit carnet qu’il emmène partout avec lui pour noter quand l’inspiration est là. Il dit aussi que la poésie sera la dernière forme de texte qu’il fera à l’ordinateur. Il tape seulement son poème quand il est fini.
En écrivant ses poèmes, quel public vise t-il ?
Il n’y a pas de public visé en particulier mais il ne pensait pas aux lycéens en publiant ses deux recueils. Ces poèmes peuvent viser tout le monde, il ne s’est pas forcement posé la question.
Dans le monde de la poésie est-il facile de ce faire un nom ? D’être publié ?
Jérôme Leroy nous explique que s'il n’avait pas écrit des romans avant ses recueils, il aurait eu beaucoup de mal à faire publier ses travaux poétiques. Sans avoir déjà publié avant, c’est assez difficile. Il n’est pas facile non plus de se faire un nom. Il ajoute que l'on ne vit pas de la poésie.
Nous lui demandons si sa poésie peut avoir de l’influence sur ses lecteurs ?
Jérôme Leroy pense qu’avec moins de 1000 exemplaires vendus, il est difficile d’influencer la population. Cependant dans ses poèmes réside l’envie de faire voir les choses différemment. Et si le lecteur change sa vision des choses grâce à ses poèmes, il n’en sera que plus satisfait !
Il termine par :
« La poésie durera toujours » « C'est une des premières formes de d'expression, et le dernier texte écrit sera un poème. »
Céline et Estelle, 1ère ES