Un homme seul. Burn-out. Un quai vide. Le métro. La fatigue, le sommeil, la solitude, une vie à part entière. Il bouge. Le métro. Abandon final.

le silence crissant

le sommeil éphémère

et la solitude royale

prennent place et s’installent

stoppent cette senteur d'horreur

il part et repart sans moi

aujourd’hui je ne peux plus

je me noie dans cette vision acide

encore une fois

Un soir d’été. Une plage presque déserte avec des silhouettes de promeneurs d’un soir. Des traces ensablées de toute une journée mouvementée. Une mer calme et reposée. Dessus le reflet d’un soleil couchant partiellement voyant. Derrière un horizon ombré et flouté par un air nébuleux.

juste avant la nuit accompagné de tes

dernières éclaircies

enchantent

le son des vagues qui exalte un parfum salé

dans une atmosphère berçante

mes souvenirs

échoués

Un chemin de forêt. Cabossé. De part et d'autre des arbres à perte de vue se noient dans le brouillard. Avançant. Tant bien que mal. Parmi les pierres et autres racines jonchant le sol. Un véhicule se fraie un chemin parmi cette si grande nature. Hostile.

la hauteur de ta fenêtre

te laisse à peine apercevoir les nuages gris

s'accumulant au loin dans le ciel

grognant de toutes ses forces

par son action ce grognement est similaire

à une parole humaine

son discours original terminé cette masse sombre

disparaît à tire-d'aile laissant place à

une nature d'une beauté inédite

La fenêtre, d'une chambre dans le noir. Un coucher de soleil d'automne. Un ciel rose et mauve. De l'herbe verte. Des arbres et deux poteaux au loin.

journée achevée

où berce

le silence

d'un ciel

paisible

et enchanté

Au milieu d’une ville, un terrain d’herbe esseulé. Deux buts de chaque côté. Des lignes déformées. Des matches joués.

herbe témoin des étés passés
après-midi plein de bruits
des poumons y ont laissé
des âmes
escapade pour toute une cité
sur ces lignes estropiées

eau

belle et désaltérante

on voit le verre à moitié plein

ou à moitié vide

on est différents

Après-demain, les élèves de 1ES1 et de 1ES2 rencontreront Lancelot Roumier. Au programme, deux heures d'échanges et de lectures autour de son recueil Les paroles communes.

Lancelot Roumier est né en 1989 à Paris. Après des études de lettres, il est devenu libraire, mais essaye de consacrer le plus de temps possible à l'écriture et à la poésie. Il est donc poète. En novembre 2017 paraît Les Paroles Communes, son premier recueil de poésie. Cet ouvrage est une somme de trois recueils : "Les Paroles Communes", "La Carte des Eaux", "Album photo".

Pour moi, Les Paroles Communes signifie que la communication est commune pour tout le monde, cela se passe souvent comme il l'a décrit : au départ les paroles sont vides puis il y a une libération de la parole. Par son titre le poète annonce ce qu'il écrit dans son recueil, c'est une étude sur la communication dans différents milieux (Ardèche, Paris) et à travers le temps qui prend une valeur universelle grâce à "communes".

Mes premières impressions sur le texte sont que l'auteur est contre les paroles pour ne rien dire, il veut des "mots solides et ronds" et raconte comment il a brisé le silence dans la première partie du recueil : "après des jours des nuits et des jours on ouvre les silences sur des souvenirs qui nous parlent". On a l'impression que c'est une étude sur la communication "on parle des mots futurs", "on a parlé de nous", "on parle un monde". De plus, il dénonce un contraste entre l'Ardèche et Paris. En Ardèche la nature est omniprésente avec les "bois", l'"eau", les "arbres", … et "on parle longtemps". A Paris "on a du silence dans le sang" et tout est urbanisé, "les rivières sont sèches et les seuls miroirs sont des roches". L'objet de tout le recueil est le jeu sur les mots, la parole, le silence.