La critique de Sam

Publié le 4 Avril 2022

Françoise Pétrovitch, Nocturne, 2017

Françoise Pétrovitch, Nocturne, 2017

Jusqu'au 3 avril 2022 le FHEL de Landerneau a exposé la talentueuse Françoise Pétrovitch.. Une des œuvres de la série Nocturne méritait toute notre attention.

De taille tout à fait raisonnable (66x55cm), c’est une gravure à l’aquatinte en bleu et noir sur papier. Elle représente un enfant de profil, légèrement de dos. Tourné vers la droite, son visage est caché par un masque blanc, il semble regarder au loin. Le fond semble glisser dans le personnage, le masque s'en décroche par sa lumière. L’arrière-plan simple et sans trop de détails n'attire pas forcément le regard, ce qui permet de se focaliser sur l'enfant et surtout sur son masque. Ce contraste donne de l’énergie à l’œuvre, qui ainsi attire notre attention.

L'enfant est placé au centre du tableau, lui-même placé au centre de l'exposition. Il semble seul dans la nuit, le masque lui couvre tout le visage. Ce masque est le seul élément blanc du papier, il occupe une très petite surface du support mais son importance est capitale. Le fait d'avoir laissé le masque totalement blanc contribue au mystère. Pourquoi est-il seul ? Que regarde-il ? Où est-il ? Pourquoi ce masque... Toutes ces questions poussent le public dans l'univers étrange de Françoise Pétrovitch.

Cette œuvre seule n'aurait pas tant de pouvoir sans son « double » à dominante rouge : un deuxième tableau s'intitule aussi Nocturne. Il est exposé juste à côté, ils font tous les deux partie de la même série. Les deux personnages se tournent le dos alors qu'ils pourraient se faire face. Le masque, de la même blancheur immaculée, est différent, mais représente un animal. La marque de l'artiste est justement la métamorphose ou l'art d’interroger grâce à des objets du quotidien. Ces deux enfants masqués ne jouent pas. Ils dégagent un sentiment plus inquiétant, un danger, une solitude perturbante et émouvante.

Françoise Pétrovitch réussit, avec peu de moyens, à transmettre une impression mystérieuse, une histoire dans laquelle on veut entrer malgré le danger. C'est tout le style de cette grande artiste moderne, qui sait mettre en image son imaginaire propre à elle. Une exposition sublime à ne pas manquer.

Rédigé par Lettres

Publié dans #FHEL 2022 - Françoise Pétrovitch

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