Critique littéraire - L'Enfant Grec, Alexakis Vassilis 2012

Publié le 19 Avril 2013

 

Un imaginaire sans frontières

 

« Je suis moi-même un personnage de roman. Je fais partie d'une histoire inachevée, voilà pourquoi j'ai encore besoin de mes béquilles. »

 

      L'Enfant Grec est le récit décalé d'une époque troublée dans la vie de l'écrivain où rien ne va plus. Le monde tourne à l'envers dans ce lieu hors du temps. Pendant que la crise économique en Grèce prend de l'ampleur, Alexakis marche grâce à ses béquilles et ce sont les marionnettes, qui n'ont pas de pieds, qui s'emparent du pouvoir.

Même si le roman écrit à la première personne possède de forts accents autobiographiques, il se présente plutôt comme un mélange absurde dans lequel les personnages qui ont bercé l'enfance du petit Vassilis sont convoqués, sans d'ailleurs que l'écrivain ne fasse très bien la différence entre le réel et l'imaginaire. Cette histoire folle est en fait une exploration magique aux descriptions précises du jardin du Luxembourg à Paris, où l'auteur est immobilisé temporairement pendant ses journées de convalescence. On fait alors un va et vient entre ce jardin et le jardin de son enfance à Callithéa en Grèce qu'il a partagée avec son frère, partit trop tôt.

     C'est fou ce que sous l'autorité d'Alexakis Vassilis le jardin près de la gare est peuplé. On y rencontre des personnages fantomatiques et des marionnettes, passant par Robinson, Tarzan, Cyrano, ou Gnafron. A peine sorti des coulisses de Guignol, on croise D'Artagnan dans les allées du jardin entraînant avec lui la belle Elvire. On a l'impression de voyager dans un subconscient, la fiction prend le pas sur la réalité. L'imaginaire du lecteur s'envole ainsi tout au long de ces pages en trouvant assez de fantaisie pour échapper à l'ennui et à la solitude qui entoure l'écrivain dont les malheurs n'intéressent plus personne, à part peut-être la dame des toilettes ou le vieux monsieur qui ressemble à Jean Valjean.

 

     Ce roman, qui rassemble tous les personnages les plus chers à l'auteur, puise en grande partie son thème dans celui de la littérature. Elle est un sujet en elle-même, un personnage. Il défend l'idée de cette littérature qui transfigure le quotidien par l'imaginaire, qui fait redécouvrir des lieux et des aventures. L'auteur plante des protagonistes et des images dans les esprits. Vassilis ne s'oublie pas à manipuler ainsi les âmes créées par d'autres.

Alors ce mélange délicieux de vivant et de fantômes ajoute du charme à ce voyage nostalgique. « La vie ne laisse guerre de place à l'imagination. »

Après avoir lu ce roman, on veut voir le monde différemment, à la façon de l'enfant grec.

 

Charlotte 1èreL.

Rédigé par Lettres

Publié dans #Critiques littéraires - Goncourt 2012

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